
Flottent les jours sur la rivière Ezka
Chemin de guerres et d’engagement
Journaliste et auteur, il consacre son premier roman à ceux qui ont choisi de prendre les armes.
Txomin Laxalt présente son premier roman en cette fin d’année. (photo Jean-Daniel Chopin)
Txomin Laxalt a titré son premier roman « Flottent les jours sur la rivière Ezka » (éditions Iru Errege). Le lecteur ne doit pas se laisser bercer par le clapotis de ces mots sur la couverture. Malgré la paix bucolique qu’ils suggèrent, le journaliste et écrivain basque traite de guerre, de fracas. De la conscience des hommes et de leur délicat commerce avec elle. Des humains et de l’Histoire. Surtout, « j’ai voulu traiter d’engagement », recentre Txomin Laxalt.
Celui, ou plutôt ceux, d’Arnaud Ithursarry, jeune Garaztar (1) au cœur des années 1930. « Une période charnière, décisive. Des années déterminantes pour comprendre ce monde. » L’auteur, « enfant de l’après-guerre », raconte le chemin d’Arnaud, infléchi par les conflits. Il va choisir le combat contre les nazis et connaîtra Mauthausen. Puis les armes contre le fascisme de Franco, en Espagne.
•La grande question
Pendant dix ans, d’un front à l’autre, Arnaud Ithursarry est en guerre. Contre la peste brune. Contre le fatalisme, cette délégation du libre arbitre. À travers lui, Txomin Laxalt adresse un salut respectueux à ceux qui ont choisi l’action. Qui ne s’est jamais posé la question de ce qu’il aurait fait ? « Je me souviens des récits de mon grand-père qui avait connu Verdun et la bataille de la Marne. Mon père m’a raconté sa Seconde Guerre mondiale. À 20 ans, je n’avais pas de doute, j’aurais été résistant. On grandit et on comprend que les choses sont plus compliquées. » Et on reste avec la grande question.
« Elle me taraude toujours », convient l’écrivain. Le journaliste aussi, qui a éprouvé en professionnel les guerres dans les Balkans et au Moyen-Orient. La peur pour compagne, là-bas. Le retour difficile de ceux qu’on laisse dans ces confins maudits du monde, que d’autres brasiers chasseront de nos préoccupations. Txomin Laxalt considère, ici, « la chance qu’a notre génération de ne jamais avoir connu directement la guerre ».
•Guerre sans fin
Il interroge ce « mystère de l’engagement ». Le basculement vers la possibilité acceptée d’une mort au combat. L’engagement par la chair, au-delà de la philosophie. Il conduit le héros du roman au décharnement des prisonniers des camps de concentration. Dans ce nu de la vie dont Txomin Laxalt aime la description par l’auteur Robert Antelme : « Dans “L’Espèce humaine”, Antelme nous dit que la seule chose que les nazis ne pouvaient pas lui enlever, c’est le fait de faire partie de la communauté des hommes. »
À Mauthausen, Arnaud l’expérimente et renforce sa conviction qu’il faut défendre cette humanité. Tous ses combats brûlent de cette nécessité. L’engagement des brigades internationales dans la guerre d’Espagne, peut-être plus que tous. Il a quelque chose « d’ultime ». « Certainement le dernier conflit au monde où des gens ont traversé le monde pour défendre une cause. » Celle de la République.
Dans un style soucieux de jolis mots et de justesse, Txomin Laxalt écrit l’infinitude des guerres. Comment la prochaine est toujours en germe. « Quand tu as fait la guerre, tu ne peux pas revenir en arrière. » L’engagement d’Arnaud fait de lui un guerrier en 1940. C’est à vie. Il ne trouve vraiment la paix que dans les montagnes, sur les pentes de l’Errozate, auprès de Pettan, l’ami berger. L’auteur est « un montagnard », arpenteur d’arêtes international.
•« Sentiment identitaire »
Dans la fange du camp de concentration, son personnage trouve, dans un camarade du « pays » et une branche de noisetier, l’enracinement intime de sa résistance au pire. Un horizon possible. Txomin Laxalt signifie l’identité et son importance. C’est d’ailleurs dans ces années 1930, que « le sentiment identitaire se constitue ». « C’est le début des mouvements régionalistes qui, au Pays basque, deviendra l’abertzalisme. »
Les dialogues sont en langue basque (traduits), la « vieille langue » employée dans la chaleur des discussions, jusque dans la douleur. « Dans les camps, on souffre dans sa langue maternelle. En euskara pour les Basques. En yiddish, en polonais, en français… Notre langue, c’est aussi celle dans laquelle on meurt. » Et celle dans laquelle on se bat.
(1) L’habitant de Saint-Jean-Pied-de-Port, Garazi en basque.
Le combat du chœur
BILTZAR DES ÉCRIVAINS À SARE Philippe Régnier sort un livre sur la formidable épopée d’Eresoinka, formation musicale née en 1937, sous Franco. Passionnant !!

Philippe Régnier a travaillé pendant 35 ans sur ce sujet. Il publie un document rare. (photo A.D.)
Chanter pour résister. Pour exister. Voilà comment résumer l’extraordinaire épopée du chœur Eresoinka, né en 1937, alors que l’armée du général Franco balayait tout sur son passage en Espagne. Une histoire poignante qui a attiré l’attention de Philippe Régnier, architecte encore en activité sur Paris et propriétaire d’une maison dans le bourg de Sare. « Je planche sur le sujet depuis 35 ans », explique l’auteur de « Eresoinka, de Sara à Paris », qui va présenter son ouvrage aujourd’hui au Biltzar des écrivains.
Pour Philippe Régnier, l’aventure a débuté un soir de 1969, lors d’un repas chez des amis, quand le propriétaire a fait grésiller un vieux 78 tours. « J’ai été transporté par les voix de ces chanteurs basques », se souvient cet amateur de musique. La graine était plantée. Et le passionné s’est plongé dans l’histoire encore trop méconnue de ce chœur qui a inspiré tant d’artistes basques jusqu’à aujourd’hui.
Exister par le foot et le chant
« Le chœur a été créé le 22 août 1937 par José Antonio Aguirre, le premier président du gouvernement autonome d’Euskadi », date l’auteur. Alors que les responsables politiques basques étaient retranchés à Santander, quelques semaines après le bombardement de Guernica et la chute de Bilbao, le lehendakari convoque une personnalité artistique réputée du Gipuzkoa : Gabriel Olaizola.
« Je vous charge de partir immédiatement pour la France et de former parmi nos réfugiés le chœur le meilleur possible, pour qu’il porte, de part le monde, grâce à nos mélodies, le souvenir d’un peuple qui meurt pour la liberté », a demandé José Antonio Aguirre.
C’est ainsi que débute l’histoire des Basques d’Eresoinka qui ont trouvé dans l’exil la force de continuer le combat par la culture, le chant et la danse. En parallèle de l’équipe de football Euskadi, les artistes étaient chargés de présenter aux yeux des démocraties européennes un message de paix. Parmi les ambassadeurs culturels, on retrouve un certain Luis Mariano…
Louis Mariano dans le lot
« Cent cinquante Basques espagnols ont traversé la frontière et se sont installés pendant trois mois dans le village de Sare pour répéter. Cela représentait près d’un dixième de la population ! », poursuit Philippe Régnier. Des peintures murales et des photos témoignent encore aujourd’hui de cette aventure. « Une exception saratar », précise Jean-Claude Larronde, auteur de la préface. La première répétition a lieu le 22 septembre 1937 dans la maison Ezkertegia. L’hôtel de La Poste, le trinquet et le fronton ouvrent les bras aux meilleurs artistes d’Euskadi.
Les spécialistes (Olaizola, Etxabe, Luisa, Uruñela, Valdés, Jorda) confectionnent un répertoire considéré aujourd’hui comme un des actes fondateurs de la culture basque. Ils sont accompagnés par les meilleurs musiciens et danseurs. Le grand soir a lieu le 18 décembre 1937, six mois après la chute de Bilbao, sur la scène de la salle Pleyel à Paris. Un triomphe devant les médias de toute l’Europe.
La tournée se poursuit à Bruxelles, Gand, Anvers, Amsterdam, La Haye, Londres. En 1938, ils présentent le spectacle à Bayonne, Biarritz et Garazi. Malgré ce tourbillon, les chanteurs et danseurs n’oublient pas de participer aux fêtes de Sare, leur village adoptif. Mais la guerre brise cet élan artistique et oblige la plupart de la troupe à fuir en Amérique du Sud. « Certains n’ont jamais remis les pieds au Pays basque », complète l’auteur du livre qui a interviewé de nombreux acteurs de cette époque. « Quatre sont encore en vie, ils habitent à Donostia, Bilbao et Vitoria. Ils m’ont tous dit qu’ils ont vécu les plus belles années de leur vie à Eresoinka malgré la douleur de l’exil. »
En chantant et en dansant, ils ont relevé la tête de tout un peuple. « Ils ont surtout laissé une trace indélébile pour les amoureux de la culture basque », conclut Philippe Régnier.
« Eresoinka, de Sara à Paris » aux éditions Iru Errege. 20 euros.
Les bouddhas et les papillons

SUD-OUEST
Mardi 13 mars 2012 Par Emmanuel Planes - Bayonne
Txomin Laxalt ne croit pas au hasard

Txomin Laxalt sur les chemins du Mont Perdu. (photo DR)

Sous un titre, a priori un peu énigmatique, « Les Bouddhas et les papillons », le journaliste et écrivain bayonnais Txomin Laxalt vient de publier aux éditions Iru Errege un recueil de récits. Récits ou nouvelles ? « Toutes ces histoires sont véridiques, souligne-t-il. Mais on est tellement habitué, quand on est journaliste, à ne pas dire "je", que j'ai opté pour une narration à la troisième personne où il est plus facile de se raconter. Et puis le bouddhisme rejette l'ego. »
D'où vient cet intérêt pour le bouddhisme ? « Il ne m'obsède pas, mais il m'accompagne depuis mon voyage en Afghanistan, au début de juillet 1972. Je suis athée, mais je sais que l'homme a besoin de spiritualité. Le bouddhisme m'intéresse, car c'est une doctrine religieuse sans dieu, sans âme, sans dogme. C'est un bon terrain de réflexion. Tout est lié à l'impermanence du monde. Il n'y a pas de hasard. »
Interdépendant
C'est la théorie que développera en 1961, soit 2 500 ans après, le météorologue américain Edward Lorenz : « Le simple battement d'ailes d'un papillon peut déclencher une tornade à l'autre bout de la terre, une belle image pour signifier que, dans l'univers, tout est interdépendant. » Txomin Laxalt a donc placé chacun des chapitres de son livre sous le signe d'un de ces papillons au nom savant.
À l'exception du premier chapitre, consacré à ce voyage de jeunesse en Afghanistan où l'avait entraîné la lecture fiévreuse de Joseph Kessel, son modèle en journalisme, et notamment de son roman « Les Cavaliers », tous ces récits ou nouvelles sont les « best-of » de reportages effectués pour différents journaux et magazines de la presse écrite.
Voyages en Palestine, dans Sarajevo assiégée, dans les rues du Caire avec un chauffeur de taxi pour guide et pour sésame, sur les bancs de Terre-Neuve, mais aussi en Navarre, sur les chemins de transhumance ou de Saint-Jacques, sur les sentiers du Roncal ou de Soule que ce grand montagnard qui ne croit pas à l'Éternel, ne se lasse pas de parcourir. Pour faire de bons reportages, il n'est pas toujours nécessaire d'aller à l'autre bout du monde.
Chacun des récits est lié à un personnage, ô combien attachant. Ce sont des hommes et des femmes aux destinées souvent humbles, minuscules, comme cette « hirondelle », inspirée par la grand-mère de Txomin Laxalt, qui partait à pied, baluchon sur la tête, de son village aragonais pour aller rejoindre une usine de sandales en Soule où elle travaillait.
Hommes et femmes meurtris par la vie et par la guerre, comme Fawaz, rencontré à Naplouse et qui demanda à l'auteur, à sa grande stupéfaction, s'il venait « du Pays basque nord ou du Pays basque sud », ou Yasmeen, « la douceur sous le hidjab », mais « la haine chevillée au cœur ». Ou encore Jelica qui le reçoit dans son appartement de Sarajevo dont les derniers étages ont disparu, soufflés par un bombardement, et où il faut vivre « à croupetons » sous la menace d'un sniper.
Pas d'objectivité
Pour écrire ces récits inspirés de reportages, Txomin Laxalt n'a pas cherché une prétendue objectivité. « Je n'y crois pas. Je préfère qu'on me dise que je me suis trompé. Et, pour donner le ton d'un reportage, il est important que la sensibilité transparaisse. »
De même, refusant de complaire aux « tenants d'un nouveau journalisme, arguant, pour ne pas ennuyer le lecteur, de l'utilisation de phrases courtes, du genre sujet-verbe-complément », il est demeuré fidèle à son style coloré, à son goût du mot rare, de la phrase volontiers longue, de l'oxymore et des digressions.
Conscient des belles heures que lui a apportées ce métier de journaliste « pigiste », malgré « les jours sans flambeau », Txomin Laxalt confie aussi dans son livre, le plaisir qu'il a toujours éprouvé, au retour de reportages, à retrouver les flèches de la cathédrale de Bayonne. « L'aubaine, c'est surtout d'avoir pu être un peu prophète en son pays et, sans jamais connaître d'entraves rédactionnelles, conter aussi son Pays basque, celui qu'il a le plus à cœur, loin des passages obligés, touristiques ou institutionnels.
Iru Errege argitaletxearen
liburu berriak
HERRIA 01 mars 2012
Aroztegia

Samedi 15 octobre 2011 à 06h00

Il aura fallu trois ans pour qu'enfin les cahiers d'Agna, tout droit sortis de sa mémoire ne soient mis en forme par Andde Darraïdou. Agna vivait à la ferme Aroztegia, auprès de ses quinze frères et sœurs et de ses parents. Le travail à la ferme, l'école, l'éducation, les fêtes la religion, la guerre, ses années 30-40 sont là, couchées sur le papier pour mieux se relever dans la mémoire collective.
Mathilde Bauthier

Mardi 18 octobre 2011 à 06h00

Elle est venue de Bénodet pour se prêter au jeu des dédicaces. Samedi dernier, au restaurant Euzkadi, Agna Etcheberry-Le Guyader, 82 ans, accueille patiemment et avec intérêt ses visiteurs. Deux heures de dédicaces auprès d'Andde Darraïdou, complice de ces instants mémorables.
Après trois années et bien des cahiers de mémoires, Andde et Agna viennent de sortir leur ouvrage « Mon enfance à Espelette dans les années 1930-1940 », paru aux éditions bayonnaises Iru Errege. « La réalisation de ce livre a été une belle aventure », souligne Patrick Delprat, gérant de la maison d'édition. En entendant parler Agna, dans un basque parfait, on croirait qu'elle n'a jamais quitté le village de son enfance. D'ailleurs, elle confie : « Je n'ai jamais quitté Espelette. Mon cœur est toujours ici ». Elle se rappelle de tous ces moments précieux qui ont bercé sa prime jeunesse. « Même tous ceux qui sont morts sont dans mon chapelet », dira cette femme au caractère bien trempé. Un à un les gens défilent, on se remémore les instants passés, les amis, la famille.
Plus proche de la nature
Avoir quinze frères et sœurs, c'est autant de connaissances gagnées. Un père métayer, une mère courageuse et travailleuse, autoritaire et douce à la fois. Le livre nous plonge dans ces années où l'écologie était une évidence. Le recyclage se faisait naturellement, la famille étant liée à son environnement. Ama était cuisinière, ménagère, faisant son encaustique avec la cire d'abeilles mêlée à l'essence de térébenthine. Elle était infirmière et connaissait tous les secrets des plantes. On faisait les édredons avec les plumes des oies et des canards.
Les mémoires d'Agna se couchent sur le papier avec des mots certes simples mais si parlants. 220 pages d'un pur bonheur, ponctué de moments plus douloureux, quand la guerre fit son entrée, notamment. Quatre-vingt années sont passées depuis. Espelette a bien changé mais la ferme Aroztegia est toujours debout. Et dans les yeux d'Agna brille toujours cet éclat, nourri par la flamme de ses souvenirs.
Mathilde Bauthier
Bayonne, l’usage de ma ville
8 décembre 2010 06h00 | Par EMMANUEL PLANES
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Txomin Laxalt, « captif amoureux » de sa ville
Avec « Bayonne, l'usage de ma ville », le journaliste et écrivain propose une déambulation très personnelle dans les rues de la cité.
Elle ne cesse de le séduire.

Après avoir beaucoup écrit sur le Pays basque, les Pyrénées, et des pays plus lointains comme Cuba, Txomin Laxalt avait envie de parler de « sa » ville, Bayonne. Sa ville car, né à Saint-Jean-de-Luz, ce journaliste et écrivain a habité Anglet avec ses parents, mais il a toujours fréquenté Bayonne. « C'est la que j'ai fait mes classes, dans tous les sens du terme », dit-il, faisant allusion aux établissements catholiques dont il fut l'élève, mais aussi à des lieux plus festifs et militants du Petit Bayonne, où il a longtemps traîné ses guêtres.
Et c'est à Bayonne qu'adulte, il a choisi de vivre, habitant depuis seize ans, à deux pas du Château-Vieux et de la cathédrale un « immeuble balzacien du centre historique dont les pièces de vie donnent sur une cour pavée et un immense carré de ciel ». Autant dire qu'il « revendique le droit du sol ».
Mais que dire de neuf sur une ville qui a déjà, et depuis longtemps, inspiré les écrivains, de Victor Hugo à Jean Cassou, Paul Gadenne et Roland Barthes ? Txomin Laxalt n'envisageait pas d'écrire un nouveau livre d'histoire, à la Ducéré, ou d'architecture, ni un guide touristique. Il en existe déjà, et d'excellents. « Il me restait l'errance », raconte-t-il. C'est ainsi qu'est né « Bayonne, l'usage d'une ville » (Éditions Iru Errege), préfacé par Maurice Touraton, et dont le titre est une référence à « La forme d'une ville », de Julien Gracq, écrivain admiré entre tous, et à « L'usage du monde » de Nicolas Bouvier. (1)
Le livre se présente comme une déambulation dans les rues de Bayonne, à commencer par celles du centre ancien. Une déambulation très personnelle, celle d'un « nomade qui suit toujours les mêmes couloirs », mais où beaucoup de lecteurs pourront reconnaître leurs propres itinéraires. Ou se reconnaître, même si l'auteur n'a donné, volontairement, aucun nom de personne ni d'enseigne.
Ludique
Cette « errance » est, chaque fois, pour Txomin Laxalt, source d'émerveillement. « On peut s'attacher à des détails de balcons, de façades. En parcourant Bayonne, on traverse l'Histoire. Et j'éprouve aussi un plaisir presque ludique à circuler dans cette ville, à franchir des ponts-levis, à passer sous des poternes… »
L'attrait de la ville tient aussi, selon son « captif amoureux », comme disait Genet, à sa configuration. « Tout y est fait pour favoriser la vie sociale. Même le stade est en centre-ville. » Tout en avouant sa nostalgie de bars, de boutiques, et de figures bayonnaises qui ont disparu, l'auteur constate que « c'est aujourd'hui que la ville a retrouvé ses couleurs ». Parmi les aménagements récents les plus remarquables, il évoque le nouveau visage des anciennes casernes de la Nive devenues « une époustouflante éclaircie urbaine ». « Une initiative à saluer pour avoir préféré à l'occupation systématique le dépouillement, la recomposition de l'espace, quand on sait les édiles hostiles, par principe, à toute forme de vide dans leurs cités. »
Des couleurs et des odeurs
Si la plus grande partie de « Bayonne, l'usage de ma ville », est consacrée au centre ancien, le journaliste s'aventure aussi dans les autres quartiers : Saint-Esprit, où le séduit tout particulièrement la minuscule rue Tombeloli, débouchant sur le square Justin-Bourdaa, « fait pour la marelle et les jeux amoureux » et « l'impressionnant fronton » du Rail bayonnais, Saint-Bernard, « quartier attachant marqué au sceau d'une histoire raboteuse », les Hauts-de-Sainte-Croix et le marché de la place des Gascons où il goûte à un savoureux mélange de cultures. Sans oublier le Polo-Beyris dont la MVC lui est familière.
Déclaration d'amour à une ville qui l'a construit, le livre de Txomin Laxalt est écrit dans une langue charnue, gourmande, truffée de mots rares et précieux. Le Bayonnais aime faire chanter l'écriture, et lui donner, comme il dit, « des couleurs et des odeurs ».
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(1)Txomin Laxalt signera son livre le 11 décembre à 16 h 30 à la librairie Elkar.